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"avoté"

6 décembre 2005

ARLETTE IS BACK

Pour la sixième fois de sa carrière, Arlette Laguiller se présente à l’élection présidentielle. Son refus de s’associer à d’autres forces politiques fait déjà planer la menace d’un morcellement du vote à gauche

C’est à huis clos que s’est tenu, samedi 3 et dimanche 4 décembre, le congrès de Lutte ouvrière. Evènement à l’issue duquel Arlette Laguiller était déclarée candidate du mouvement d’extrême gauche. « Ce fut une décision unanime parce qu’elle reste la meilleure représentante de notre organisation » a déclaré Michel Rodinson, membre de la direction de LO.

Mme Laguiller s’est présentée à toutes les élections présidentielles depuis 1974. A 69 ans, elle s’apprête à entamer une sixième campagne. Le parti n’a visiblement pas souhaité « rajeunir » le profil de son premier représentant. Quelques militants soutenaient la candidature d’une jeune enseignante lyonnaise, Nathalie Artaud, pour l’aventure présidentielle. Mais la notoriété d’ « Arlette » semble avoir pesé davantage dans les débats.

Cependant, la campagne de Lutte ouvrière ne s’appuiera pas uniquement sur la personnalité de son leader traditionnel. Nanti d’un « plan d’urgence pour les travailleurs », le parti révolutionnaire s’oppose au droit de licenciement, réclame l’accès aux comptes des grandes entreprises et « une augmentation d’au moins 300€ du SMIC. »

L’ombre du 21 avril

Une posture et des mesures phares que LO ne souhaite pas partager avec le PS ou le PCF. « Nous pensons que les partis de gauche qui vont présenter séparément ou ensemble des candidats à la présidentielle n’apporteront pas plus de solutions qu’ils n’en ont apporté lorsqu’ils étaient au gouvernement dans les années précédentes » a déclaré M. Rodinson.

Aucune coalition ne semble donc poindre à l’horizon. Pas même dans le proche voisinage, Michel Rodinson ayant précisé qu’il n’y « avait pas de pourparlers en cours avec la Ligue communiste révolutionnaire.» La LCR d’Olivier Besancenot qui n’a jusqu’alors « pas proposé quoi que ce soit pour la présidentielle. » L’heure n’est visiblement pas à l’unité. Bien qu’il soit encore tôt, l’ombre du 21 avril 2002 et l’éclatement du vote de gauche menacent déjà.

                                                                          Vinc

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30 novembre 2005

LE PEN SURFE SUR LA CRISE DES BANLIEUES

Jean-Marie le Pen a livré son analyse de la crise des banlieues. Le président du FN cherche à s’attirer les faveurs d’un électorat populaire

Le Front National s’est réuni en conseil national extraordinaire samedi 26 et dimanche 27 novembre. L’occasion pour son président d’évoquer les violences urbaines qu’il avait « prévues de longue date. » « L’oracle » du FN a tenu à préciser que « le calme qui est revenu ne doit pas nous tromper. » Des propos bien loin d’être sibyllins, M. Le Pen estimant que « nous allons vers des affrontements de plus en plus nombreux et de plus en plus violents. »

Quant aux responsables de cette situation critique, le président du parti d’extrême droite désigne « les gouvernants de droite et de gauche » à ses yeux « des criminels. » Car ils ont « depuis trente ans attiré de façon fallacieuse des millions d’étrangers à venir chez nous et continuent de le faire par l’application de législations sociales stupidement égalitaires.» Le dernier avatar de cette décadence est « la politique de la ville menée par Sarkozy et Borloo, qui consiste à faire comme avant en doublant les crédits. »

Dans l’embrasement des banlieues, le Front National ne veut y voir un « problème social. » Selon son président « l’immigration massive venant en majorité du tiers monde est le point fondamental. » Sa solution est donc de « fermer les frontières. »

« Premier parmi l’électorat ouvrier »

Une réponse simple qu’il souhaite apporter aux « milieux populaires » qui sont les plus « touchés » par les violences et qui « ressentent le plus les problèmes liés à l’immigration. » Rappelant qu’il « était premier » lors de la présidentielle de 2002, « parmi l’électorat ouvrier », Jean-Marie Le Pen souhaite pérenniser ce succès. Demeurer l’interlocuteur privilégié de la « France d’en bas » à l’heure où « le PS est devenu un parti de fonctionnaire. »

Difficultés au PS et troubles dans les banlieues : le dirigeant frontiste sait surfer sur les conjonctures. Et reste lucide quant à ses cibles privilégiées. « Les gens privés d’emploi dans les quartiers nord de Marseille seront certainement plus sensibles à notre message de retour à l’équilibre dans le cadre de la nation qu’à celui de MM. Villepin, Hollande ou Jospin. »

                                                                                     Vinc

23 novembre 2005

INITIATIVE POLITIQUE EN BANLIEUE LYONNAISE

Un nouveau collectif d’associations lyonnaises souhaite créer sa propre organisation politique afin d’œuvrer dans les banlieues. Une initiative qui traduit l’échec des grands partis dans les quartiers

Le collectif Banlieue 69 vient de voir le jour à Lyon. Cette nouvelle organisation réunit plusieurs associations des quartiers de la banlieue lyonnaise. Ses représentants tenaient leur première réunion dans le quartier des Minguettes, samedi 19 novembre. Leur objectif est clair : former une force politique qui présentera ses candidats aux élections municipales de 2008.

« Nos modes opératoires doivent changer » affirme Said Kebboucha, habitant de Vaulx-en-Velin et membre de Convergences citoyennes. Comme lui, beaucoup de militants associatifs témoignent de leur impuissance à l’heure où leurs subventions sont réduites à néant. A cela s’ajoute la défiance à l’égard des grands partis nationaux. « Nous savons que nous ne pouvons plus compter sur les organisations politiques existantes. On est au pied du mur » confie Abdelaziz Chambi, membre du collectif. « Tant que nous ne serons pas présents dans les représentations, nous n’existerons pas » poursuit Said Kebboucha. 

« un tournant »

L’absence d’interlocuteur sur la scène politique préside donc à cette conversion de l’effort associatif en action proprement politique. Et ses promoteurs voudraient bien l’étendre à toutes les banlieues. « On croit à l’idée d’une conscientisation des quartiers populaires » explique Pierre Didier Tché-Tché Apéa, membre et ancien président de Diversité, un autre collectif d’associations lyonnaises. « Depuis des années, les dirigeants français font passer le message dans la société française que nous, les immigrés et enfants d’immigrés, Arabes et Noirs, sommes incompatibles avec la France. Alors que nous sommes profondément attachés aux valeurs républicaines » conclut-il avant d’ajouter que les habitants des banlieues sont à un « tournant. »

Le succès d’un tel projet signerait l’échec des grands partis dans les banlieues. Sans en connaître l’issue, l’initiative du collectif Banlieue 69 constitue déjà un signe de très mauvais augure pour le Parti socialiste. Accusé de s’être peu à peu coupé de son électorat populaire, l’organisation de François Hollande manque une nouvelle fois l’occasion de le reconquérir.

                                                                                    Vince

16 novembre 2005

LA DEFIANCE A L'EGARD DU PS

Une majorité de Français ne considèrent pas le PS comme une force d’opposition en mesure de remporter les élections de 2007. Pour beaucoup, la ligne politique socialiste se confond avec celle de ses adversaires.

Le jugement des Français est sans appel à l’égard du parti socialiste, à l’aube  de son congrès au Mans, le 18 novembre. Une large majorité d’entre eux (60%) estiment que le PS n’est pas « capable de remporter » la présidentielle de 2007. Même les sympathisants socialistes ne sont pas tendres avec le parti de François Hollande et se disent pessimistes quant à ses chances de succès à l’horizon 2007.  C’est l’une des tendances lourdes que révèle l’enquête CSA réalisée pour Le Monde le 8 novembre dernier.

Sur le plan des idées, la ligne politique soutenue par le parti socialiste ne fait pas pléthore de convaincus. 52% des Français interrogés estiment en effet que le parti socialiste « incarne mal un projet de société. » 55% estiment quant à eux, qu’il n’est « pas adapté aux évolutions du monde. » Il est cependant vrai qu’à la veille du Mans, les circonstances ne sont pas favorables à la stabilité et la cohérence des idées du PS. La foison des motions en est la preuve flagrante.

A qui s’adresser ?

Plus inquiétantes sont les tendances révélées par l’enquête, sur la base sociologique du PS. Aucune des catégories socioprofessionnelles ne semble aujourd’hui, davantage acquise à la cause du parti socialiste que d’autres. Les cadres, les salariés comme les employés et les travailleurs indépendants sont tous, à des degrés divers, très critiques à son égard. Ce « flou sociologique » confirme la coupure du PS avec les classes populaires et alimente ses incertitudes quant à sa nouvelle ligne politique. A qui s’adresser ? Une question malaisée d’autant qu’une majorité de français considèrent que le PS ne s’en sortirait pas mieux que le gouvernement sur un grand nombre de dossiers. 54% estiment que, sur le problème des délocalisations, le PS agirait de la même façon que le gouvernement Villepin. Sur la crise des banlieues, 52% ne voient pas le PS faire autrement que la droite aujourd’hui.

Cette proximité dans l’opinion publique, des postures gouvernementales et socialistes,  est sans doute entretenue par les prises de positions de François Hollande. Le premier secrétaire du PS s’était déclaré favorable à l’instauration du couvre-feu dans les banlieues.

Mais la porosité des frontières partisanes s’exprime aussi dans l’opinion des adversaires traditionnels du PS. Le sondage CSA révèle en effet que 73% des électeurs UDF plébiscitent un rapprochement avec le parti socialiste.

Comment expliquer cette perte de repères de la principale force de gauche ? 69% des Français interrogés estiment que le débat sur la Constitution et les déchirements internes entre hiérarques, ont accentué les fissures du parti. Des chiffres tempérés par d’autres, puisque le vote sur la Constitution européenne et les préférences pour le candidat à l’élection présidentielle ne semblent pas liés. 72% des sympathisants PS ayant voté non au référendum du 29 mai 2005, sont acquis à la cause d’un Jack Lang président de la République. Le député du Nord Pas de Calais avait pourtant âprement défendu le oui. Laurent Fabius a, quant à lui, davantage les faveurs des sympathisants ayant voté oui. Ségolène Royal fait l’unanimité.

                                                                                      Vince

9 novembre 2005

LA STRATEGIE DE HOLLANDE?

Réagissant sur la question de l’état d’urgence et du couvre-feu instauré dans certaines banlieues, les dirigeants du parti socialiste sont apparus divisés. Certaines prises de position demeurent énigmatiques

Invité à prendre position sur la question du couvre-feu dans les banlieues, François Hollande a signalé dans les colonnes du Parisien du 8 novembre 2005 qu’il ne voulait « rien faire qui puisse empêcher le gouvernement de retrouver les conditions d’un retour à l’ordre républicain. » Une position très prudente qui n’est pas sans agacer dans les rangs du PS, y compris au sein de sa propre majorité..

Lors de la réunion du Bureau national du parti, mardi 8 novembre, les partisans de Dominique Strauss-Kahn, pourtant traditionnellement acquis à la cause du premier secrétaire, n’ont pas hésité à exprimer leur désaccord. Martine Aubry, appartenant elle aussi au courant majoritaire de Hollande, s’est dite tout à fait contre le décret d’état d’urgence et le principe de couvre-feu. L’ancienne ministre a souhaité par ailleurs que le PS indique clairement sa position sur le sujet. A l’issue de la réunion, le parti  a finalement renoncé à édicter une « position de principe », selon les termes de son porte-parole Annick Lepetit, sur un problème qui doit être laissé « à la libre appréciation des maires en fonction des conditions locales et du moment. »

Mais de telles précautions n’ont pas empêché certains socialistes de jouer le jeu du « parti d’opposition » en critiquant les mesures gouvernementales. Au sujet du couvre-feu, Laurent Fabius a souligné que « c’est la première fois qu’on applique une loi faite pour un Etat quasi insurrectionnel à une situation sociale et donc il y a là un glissement très, très important. »

Une critique relayée par Lionel Jospin, pourtant rarement subversif. « Choisir de recourir à une loi de 1955, d’il y a 50 ans, pendant la guerre d’Algérie, ne me paraît pas le meilleur des symboles » s’est indigné l’ancien premier ministre.

François Hollande est donc volontairement passé à côté d’une occasion de critiquer le gouvernement. Quelle est donc sa stratégie à la veille du Congrès du Mans à l’issue duquel les militants auront brossé le portrait de leur futur leader ?

                                                                                Vinc

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2 novembre 2005

BAVURES EN MOTS DE BEAUVAU

Suite aux émeutes de Clichy-sous-Bois des 28 et 29 octobre 2005, Nicolas Sarkozy a rappelé sa ligne politique en matière de délinquance dans un langage d’une extrême fermeté. Ses discours et ses méthodes lui font courir des risques politiques

Le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, fait manifestement corps avec la police qu’il dirige. Alors que l’année 2004 a été marquée par une augmentation de 18,5% des violences policières illégitimes, l’année 2005 est celle des écarts verbaux du locataire de Beauvau. Quelle bavure est-elle la plus grave ?

Le 19 juin 2005, le ministre de l’intérieur se rend à la Courneuve suite à la mort d’un enfant dans une fusillade entre gangs. Il avait alors promis de « nettoyer au Kärcher » les cités de l’Hexagone. Le 25 octobre 2005, en visite dans un quartier d’Argenteuil, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir se « débarrasser de la racaille. » Invité le dimanche 30 octobre au journal de 20 heures de TF1, « le premier flic de France » a prôné la « tolérance zéro » en matière de violence urbaine et s’est engagé à « éradiquer » les « trafiquants. »

La vulgate sarkoziste empruntée aux métiers de dératisation et élimination en tout genre, entretient l’illusion dichotomique des deux France. Celle des honnêtes citoyens et celle des délinquants. Une vision manichéenne qui tait les racines des maux de ces quartiers en perdition. A tout travail de fond, Nicolas Sarkozy préfère les traitements palliatifs musclés grâce notamment à « dix-sept compagnies de CRS et sept escadrons  de gendarmerie » spécialement entraînés. 

cadeau empoisonné

Son mode opératoire est clair, il ne s’agit plus de « faire de la police de proximité pour voir ce qu’il s’y passe, mais d’interpeller. » C’est dans cette ligne que s’inscrit la suppression des subventions des associations de terrain. Car le ministre de l’intérieur ne cache plus ses impératifs : mettre l’accent sur la répression et de côté le volet préventif. Nicolas Sarkozy prétend enrayer la délinquance en multipliant enquêtes, poursuites et incarcération. Un triptyque qui suffirait à délivrer ses effets dissuasifs. Mais mettre un terme à la violence dans les banlieues n’est certainement pas une tâche dont un ministre peut venir à bout en quelques mois. Une dure logique avec laquelle doit composer le président de l’UMP à l’approche des présidentielles de 2007. Reste donc l’usage des déclarations tonitruantes et des mises en scène spectaculaires pour mettre à profit son poste place Beauvau qui est, à beaucoup d’égards, un cadeau empoisonné.

Le principal risque encouru par Sarkozy est de se brûler les ailes dans sa course à l’Elysée. Capitaliser les votes de gauche tout en étant ministre de l’intérieur relève de la gageure. Mais chasser sur les terres du Front national peut se révéler politiquement fatal.

En outre, l’ubiquité et la réactivité du ministre montrent leurs limites lorsqu’elles tournent à la précipitation. Invité à réagir sur l’accident qui a coûté la vie à deux adolescents de Clichy-sous-Bois, Sarkozy s’était empressé de préciser les circonstances du drame, évoquant successivement un « cambriolage » et une « dégradation. » Deux évènements qui se sont révélés inexistants. Cet épisode montre la précarité de la position de Nicolas Sarkozy qui devra jouer serré jusqu’en 2007, en évitant l’opprobre et le discrédit du moindre écart. Beauvau n’est peut-être pas le meilleur endroit pour préparer une élection.

                                                                            Vince

26 octobre 2005

LES FRONTS DE NICOLAS SARKOZY

Nicolas Sarkozy s’est prononcé, dans un entretien au Monde du 25 septembre, en faveur du vote des étrangers aux élections locales. La reconquête d’un  électorat de gauche et l’affront à l’égard des chiraquiens semblent constituer le double effet de cette nouvelle incartade.

« Ce n’est pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie ses impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales» déclarait Nicolas Sarkozy, dans les pages du Monde daté du 25 octobre. Le ministre de l’Intérieur souhaite donc s’aligner sur les législations de ces dix pays de l’Union européenne qui accordent aux étrangers, non ressortissants d’un pays de l’Union, le droit de vote aux élections locales. La première initiative ayant été irlandaise, dès 1963.

A droite, une telle prise de position ne trouve pas d’écho. Seul Yves Jégo, député de Seine Maritime, défend le projet qu’il avait lui-même soutenu dans un rapport adressé à Jean-Pierre Raffarin en 2002. Même au sein du clan sarkozyste, l’embarras est manifeste à l’image de Thierry Mariani, député du Vaucluse. « Si c’est pour ouvrir le débat, très bien, mais je ne pense pas que notre électorat soit prêt. »

Trajectoire iconoclaste

Mais flatter l’électorat de droite ne semble justement pas être l’objet de la déclaration du président de l’UMP. Ce dernier, en se prononçant en faveur du vote des étrangers, s’inscrit dans une trajectoire iconoclaste amorcée en 2003. Le ministre de l’Intérieur s’était alors attiré les faveurs de la gauche et le soutien élogieux de Bertrand Tavernier, en obtenant l’abolition de la double peine. Véritable gageure que Jospin avait laissée de côté.

Le vote des étrangers est aussi un des thèmes majeurs des programmes socialistes depuis l’avènement du mitterrandisme. Mais aucun gouvernement n’a su s’y atteler. Dès lors, ce nouveau sujet porteur est un moyen de reconquérir un électorat de gauche. Un auditoire refroidi par les propos polémiques du ministre, sur le nettoyage au Kärcher de la cité de la Courneuve.

L’autre intérêt de faire débat a trait à la stratégie d’opposition et de rupture que Nicolas Sarkozy cultive à l’égard des chiraquiens. Modèle social, politique fiscale, problème de l’immigration… : tout sujet dont l’hiérarque de l’UMP s’empare est une aubaine pour effriter davantage la solidarité gouvernementale.

                                                                          Vince

17 octobre 2005

L'HOLLANDE DE JOSPIN

L’ancien Premier ministre Lionel Jospin a de nouveau fait profession d’hollandisme, lundi 17 octobre, en apportant son soutien à la motion de l’actuel premier secrétaire de PS.

L’horizon qu’aucun cacique du parti socialiste ne perd de vue est le Congrès du Mans des 18 et 20 novembre, à l’issue duquel le nouveau premier secrétaire du parti socialiste sera élu.

« Reconduire François Hollande me paraît un bon choix » a déclaré le « militant Jospin » à son arrivée à la réunion de sa section du 18ème arrondissement de Paris, lundi 17 octobre au soir. Un soutien qui passe par l’adhésion de l’ancien Premier ministre à la motion de l’actuel premier secrétaire du parti. « Je la soutiens parce que je pense qu’elle représente une orientation clairement à gauche, mais qui a l’avantage d’être réaliste. »

A la veille du face-à-face Hollande-Fabius prévu à la Mutualité, ce mardi 18 octobre, Lionel Jospin estimait que la majorité qui peut se constituer derrière Hollande « est plus cohérente que ne l’est la coalition des minorités, notamment si on pense aux positions différentes prises dans le temps par les uns et les autres. » En accusant Laurent Fabius, adversaire direct des hiérarques de l’exécutif socialiste, d’incohérence politique, Lionel Jospin développe un argumentaire qui pourrait se retourner contre lui. Critiquer les tentatives de repositionnement d’un élu, s’est s’interdire soi-même toute tentative de réajustement de sa trajectoire politique. En d’autres termes, s’il revenait sur la scène politique par l’exercice de fonctions officielles, Lionel Jospin devrait à son tour tenter d’introduire une logique dans une carrière qu’il avait pourtant décidé d’abandonner le soir du 21 avril.

                                                             

                                                                         Vincent Lorenzi

10 octobre 2005

VILLEPIN OUVRE LE BAL

Dominique de Villepin était, mercredi 6 octobre, l’invité du nouveau rendez-vous politique de France 2, « à vous de juger. » S’ouvrant par un portrait très personnel du Premier ministre, le programme a conjugué l’analyse politique et l’émission de divertissement.

« Nous vous proposons un portrait un peu différent de ceux qu’on voit d’habitude » prévient Arlette Chabot en guise de lancement du premier reportage de son émission « à vous de Juger », mercredi soir sur France 2, et dont l’invité-sujet est Dominique de Villepin. Dès la première image, l’homme de Matignon apparaît en short court, prêt à fouler la plage de la Baule de bon matin. La voix off du journaliste se pose immédiatement sur les images, donnant le ton des huit minutes qui suivront. Pour parler de Dominique de Villepin, « le mot qui vient en premier c’est inclassable. » Les qualificatifs dithyrambiques fleurissent le reportage qui relève davantage de l’hagiographie que de la biographie. Dominique le « cas particulier » devient, à ses heures, Dominique le « lyrique », le « poète »,  le « hussard », le « frontalier »…

Les différents témoignages réunis à l’écran brossent le portrait du leader charismatique qui, dans son sens « weberien », est doté de forces ou de caractères surnaturels. Son professeur de lycée rappelle que l’actuel Premier ministre, outre ses qualités sportives hors du commun,  possède deux baccalauréats dont un –le littéraire- obtenu précocement en auditeur libre. Ces deux diplômes sont à l’image des deux champs, intellectuel et politique, que Dominique de Villepin a su conquérir avec succès. Ce pouvoir qui le rend capable « d’écrire à tour de bras, sur la poésie ou sur l’histoire » tout en exerçant une fonction gouvernementale. Alain Minc, quant à lui,  souligne l’ubiquité du ministre « inclassable, ni à droite ni à gauche, ailleurs et là. » Nanti d’une « fougue Napoléonienne », Dominique de Villepin est inscrit, ce soir là, dans la lignée des grands hommes aux gestes héroïques, comme lorsqu’il défend la position de la France à l’ONU dans un discours prophétique. On rappelle aussi l’épisode « Abracadabrantesque », lorsque le ministre, alors secrétaire de l’Elysée, « trouve chez Rimbaud le bouclier qui protègera Chirac. »

Harry de Villepin

A aucun moment, au fil du document, n’est abordé l’itinéraire ou le bilan proprement politique de Dominique de Villepin, si ce n’est sa fonction de « missile anti-Sarkozy. » En revanche, le reportage prend une tournure inhabituelle lorsqu’il se penche sur les enfants du ministre: l’omniprésence de son fils lors de ses déplacements ou l’apparition de sa fille dans les pages « mode » des magazines. Le téléspectateur fait même la rencontre  d’Harry de Villepin, le chat du ministre, adopté par une amie de la famille, la cinéaste Danielle Thompson.

Le témoignage de cette dernière donne un ton définitivement « druckérien » au reportage. A l’image de l’émission « Vivement dimanche » présentée par Michel Drucker sur France 2 et qui accueille souvent des politiques, « à vous de juger » s’aventure dans l’anecdotique, dans la sphère privée et personnelle du Premier ministre. Une nouvelle tendance qui s’explique certainement par l’audience que rencontrent ces émissions à « success stories. » Ce traitement de l’information n’est sans doute pas pour déplaire aux responsables politiques qui possèdent ce savoir-faire, celui de se mettre en scène et de distiller suffisamment d’anecdotes personnelles pour servir leur personnage public.

                                                                                               Vinc

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