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"avoté"
2 novembre 2005

BAVURES EN MOTS DE BEAUVAU

Suite aux émeutes de Clichy-sous-Bois des 28 et 29 octobre 2005, Nicolas Sarkozy a rappelé sa ligne politique en matière de délinquance dans un langage d’une extrême fermeté. Ses discours et ses méthodes lui font courir des risques politiques

Le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, fait manifestement corps avec la police qu’il dirige. Alors que l’année 2004 a été marquée par une augmentation de 18,5% des violences policières illégitimes, l’année 2005 est celle des écarts verbaux du locataire de Beauvau. Quelle bavure est-elle la plus grave ?

Le 19 juin 2005, le ministre de l’intérieur se rend à la Courneuve suite à la mort d’un enfant dans une fusillade entre gangs. Il avait alors promis de « nettoyer au Kärcher » les cités de l’Hexagone. Le 25 octobre 2005, en visite dans un quartier d’Argenteuil, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir se « débarrasser de la racaille. » Invité le dimanche 30 octobre au journal de 20 heures de TF1, « le premier flic de France » a prôné la « tolérance zéro » en matière de violence urbaine et s’est engagé à « éradiquer » les « trafiquants. »

La vulgate sarkoziste empruntée aux métiers de dératisation et élimination en tout genre, entretient l’illusion dichotomique des deux France. Celle des honnêtes citoyens et celle des délinquants. Une vision manichéenne qui tait les racines des maux de ces quartiers en perdition. A tout travail de fond, Nicolas Sarkozy préfère les traitements palliatifs musclés grâce notamment à « dix-sept compagnies de CRS et sept escadrons  de gendarmerie » spécialement entraînés. 

cadeau empoisonné

Son mode opératoire est clair, il ne s’agit plus de « faire de la police de proximité pour voir ce qu’il s’y passe, mais d’interpeller. » C’est dans cette ligne que s’inscrit la suppression des subventions des associations de terrain. Car le ministre de l’intérieur ne cache plus ses impératifs : mettre l’accent sur la répression et de côté le volet préventif. Nicolas Sarkozy prétend enrayer la délinquance en multipliant enquêtes, poursuites et incarcération. Un triptyque qui suffirait à délivrer ses effets dissuasifs. Mais mettre un terme à la violence dans les banlieues n’est certainement pas une tâche dont un ministre peut venir à bout en quelques mois. Une dure logique avec laquelle doit composer le président de l’UMP à l’approche des présidentielles de 2007. Reste donc l’usage des déclarations tonitruantes et des mises en scène spectaculaires pour mettre à profit son poste place Beauvau qui est, à beaucoup d’égards, un cadeau empoisonné.

Le principal risque encouru par Sarkozy est de se brûler les ailes dans sa course à l’Elysée. Capitaliser les votes de gauche tout en étant ministre de l’intérieur relève de la gageure. Mais chasser sur les terres du Front national peut se révéler politiquement fatal.

En outre, l’ubiquité et la réactivité du ministre montrent leurs limites lorsqu’elles tournent à la précipitation. Invité à réagir sur l’accident qui a coûté la vie à deux adolescents de Clichy-sous-Bois, Sarkozy s’était empressé de préciser les circonstances du drame, évoquant successivement un « cambriolage » et une « dégradation. » Deux évènements qui se sont révélés inexistants. Cet épisode montre la précarité de la position de Nicolas Sarkozy qui devra jouer serré jusqu’en 2007, en évitant l’opprobre et le discrédit du moindre écart. Beauvau n’est peut-être pas le meilleur endroit pour préparer une élection.

                                                                            Vince

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